par Micheline Bourque
Jeff Jarvis est un blogueur très influent. Il est l’auteur de ‘Tout nu sur le web‘ (en anglais, pharm Public Parts), un livre que j’ai lu d’un couvert à l’autre dans le temps de le dire et que je consulte encore régulièrement. Ce livre parle du fait que nous vivons des vies de plus en plus ‘publiques’ grâce au web et que nous devrions commencer à apprécier les grands avantages que cette nouvelle réalité nous apporte.
Il avance même l’hypothèse que notre société vit présentement un changement aussi fondamental que celui que nous avons connu lorsque Guttenberg a inventé l’imprimerie. N’oubliez pas qu’avant Guttentberg, il fallait se déplacer de ville en ville, de bibliothèque en bibilothèque pour lire la seule copie du livre. Imaginez l’impact du fait que beaucoup de gens puissent lire le même livre a eu sur notre capacité d’échanger, de débattre, de développer un esprit critique.
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par Micheline Bourque
En 1994, quand j’ai choisi de devenir travailleur autonome, je ne savais pas vraiment sur quelle route je m’embarquais. J’avais toujours rêvé ‘d’être à mon compte’, et ce, de façon récurrente. L’occasion s’est présentée, (c’est-à-dire quand j’ai eu les moyens ($$$) de faire la transition), j’ai sauté dans le train et je suis partie sur le chemin dont j’avais si souvent rêvé. C’est un choix de vie important que j’ai fait à ce moment là. J’ai quitté Ottawa pour venir vivre à Montréal pour commencer ma nouvelle vie. Bref, je vous épargne les détails, ce n’est pas l’objet de cet article.
Beaucoup de gens au fil des ans m’ont avoué qu’ils m’enviaient mon statut, ‘Ah! tu dois avoir toute la liberté du monde en étant ton propre boss. » Ou encore, ‘ça doit être le fun de pouvoir faire les heures que tu veux!’ Un dernier pour les fins de la cause: ‘Ah! les consultants, on le sait tous, ça fait beaucoup d’argent. » Aucun de ces énoncés n’est vrai dans les faits, surtout pas les premières années.
Un client c’est un boss
Dans un premier temps, un client, c’est comme un boss. On est redevable à nos clients. Faut les servir, faut livrer la marchandise (bonne humeur et rapidité d’exécution souvent requises). Deuxièmement, à son compte, il faut être disponible (sans restriction bien des fois) pour nos clients. On peut donc se retrouver avec plusieurs projets à réaliser en même temps, ce qui peut vouloir dire des weekend de travail, des soirées consacrées à la tâche. Oui, on a une marge de manoeuvre, mais pas tout le temps.
Et dernièrement, oui certains consultants font beaucoup d’argent, mais pas tous. On ne peut pas tous aller chercher 250$heure, ce n’est pas vrai. Donc les sous, on en veut, mais ce n’est pas le facteur principal derrière la décision de devenir travailleur autonome. Oui, on peut/veut bien gagner sa vie de façon honorable, mais certaines entreprises offrent d’excellentes situations professionnelles aussi. On choisit d’être travailleur autonome, parce qu’on a ou on n’a pas le profil. Un point c’est tout. Il y a des avantages et des inconvénients que l’on soit salarié ou travailleur autonome, rien n’est parfait!
Les trois questions cruciales
Si vous envisagez devenir travailleur autonome, je vous suggère de répondre honnêtement à trois questions? 1. Insécurité financière: Est-ce que je peux vivre avec l’insécurité financière? 2. Vente: Est-ce que j’ai les qualités requises pour trouver des clients (et envie de le faire)? 3. Flexibilité: Est-ce que je suis capable de m’adapter à toutes sortes d’environnement? Si vous répondez oui à ces trois questions, vous avez les qualités essentielles. (Je prends pour acquis que vous avez certaines compétences évidemment.)
Ces questions sont cruciales car si vous répondez non à l’une d’entre elles, vous allez souffrir. Après avoir connu plein de travailleurs autonomes, ce sont les deux premières situations les plus angoissantes pour bon nombre. La question de la sécurité financière se gère relativement facilement: toujours avoir des sous de côté pour pouvoir vivre de 3 à 6 mois et avoir une assurance invalidité en cas de maladie. Autre point, ne dépensez jamais l’argent avant de l’avoir reçu. Des contrats, ça peut se terminer plus vite que prévu! Les entreprises annulent souvent des projets pour toutes sortes de raisons, dont les restructurations qui sont si fréquentes. Dépenser les sous avant de les avoir peut s’avérer une erreur coûteuse!
Le deuxième point: vendre ses services. Combien de gens (avocats, web-designer, planificateur financier, comptable, et la liste continue), ai-je pu rencontrer au fil des ans qui étaient super compétents dans leur domaine, mais essentiellement nuls en affaires. Incapables de se trouver des clients, ils ne sortent pas, ne font pas d’appel, ne font pas de prospection. Cette situation se règle par la discipline. Il faut prévoir à son agenda de façon continue et régulière des rencontres avec des contacts (clients et prospects), même quand on a plein de travail. Il faut que les gens connaissent ce que vous faites, ou vous êtes rendus et quand vous êtes disponibles. Pour ma part, j’ai toujours prévu des lunchs, des appels, des petits courriels de salutations à toutes les semaines à cette fin. C’est exigeant, et plus particulièrement quand on est occupé. Lorsqu’on est super occupé, la dernière chose que l’on a parfois envie de faire, c’est du réseautage. Mais il le faut.
La flexibilité, c’est plus vague comme problématique car on le découvre souvent une fois arrivée sur place. Suis-je capable de bien travailler, de bien communiquer avec les gens qui me sont désignés pour les fins du projets ou autre? Ai-je envie d’apprendre des choses nouvelles et de mettre le temps de côté pour le faire? Ai-je envie de travailler de telle ou de telle façon. La solution, c’est nous qui l’avons et elle est très personnelle selon qui on est.
Enfin, j’avais envie de partager ces propos car ma première job, ce n’est pas d’être consultante en marketing, c’est d’être travailleur autonome. Il faut que je me trouve des clients, des mandats, des projets avant de pouvoir agir en tant que consultante. C’est ma première responsabilité et cela est la job du travailleur autonome. Le consultant, lui il donne des conseils, réalise des projets ou mandats. Ce n’est pas pareil.
Je n’ai jamais regretté mon choix de vie, ma décision de devenir travailleur autonome. Il m’est arrivé d’être soumis à la tentation de prendre un poste au sein de compagnies qui avaient des projets intéressants ou des équipes de travail avec j’aimerais travailler. Mais la vie à fait en sorte que je garde mon chapeau de travailleur autonome. C’est bien simple, jusqu’à maintenant, ça été la meilleure façon pour moi de m’actualiser, de continuer de progresser dans le travail comme dans la vie. Bon courage à tous ceux qui veulent franchir l’étape de transition.
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par Micheline Bourque
Never Split The Difference: Negotiating As If Your Life Depended On It de Chris Voss
Ne jamais couper la poire en deux! Voici un ouvrage sur la négociation qui présente le sujet sous un angle différent. L’auteur, Chris Voss a choisi d’ajouter une composante émotive à des outils et techniques de négociation.
Voici mon survol du livre avec les concepts les plus intéressants et mes commentaires de passionné de la négociation.
Qui est Chris Ross?
L’auteur a été négociateur en chef pour le FBI dans l’unité de négociation de crise (CNU, Crisis Negotiation Unit); d’où l’aspect de vie ou de mort en cas d’échec ou encore l’impossibilité de ramener vivant seulement la moitié d’un otage (sic).
L’auteur est fondateur de la firme-conseil Black Swan Group, spécialisée en formation, accompagnement et recherche en stratégies de négociation. Il partage dans ce livre des exemples de situations de crise et donne une perspective d’apprentissage et de meilleures pratiques applicable dans vos défis quotidiens, car, je le cite: la vie est négociation.
La question à laquelle on veut une réponse en débutant la lecture de ce livre est : Comment des techniques de négociation utilisées par les agences de contre-terrorisme et d’unités policières spécialisées peuvent-être pertinentes ou seulement réalisables afin d’atteindre notre objectif?
Points saillants
D’abord, l’auteur utilise des exemples de situations de crise afin d’expliquer la genèse de ses nouvelles méthodes qu’il propose. Au cœur de ces outils, un concept de base : Plutôt que de séparer les émotions du cours de la négociation, il privilégie l’utilisation d’émotion comme levier, car à l’instar d’une crise de prise d’otage l’émotion est toujours présente. Le désir de ne pas se faire abattre par des snipers est similaire à celui de ne pas perdre son emploi parce qu’on est dans les deux cas trop agressif dans la négociation (à des niveaux différents évidemment).
Cette façon de voir la négociation va à l’encontre des grandes théories développées par Roger Fisher et William L. Ury dans le livre : Getting to Yes (Comment réussir une négociation). Ces théories reprises, enseignées au programme de négociation au Harvard Law School sont pratiquées depuis près de 40 ans et ce, partout au monde. Des concepts similaires, dans une pléiade d’ouvrages de ce genre font référence à ce qu’on appelle la négociation raisonnée (en mettant les émotions de coté et l’emphase sur les faits et le coté rationnel de la prise de décisions).
Aperçu de concepts clés pour réussir ces négociations
Parmi les concepts permettant de mettre en pratique l’utilisation d’une psychologie orientée résultat, le premier concept est l’établissement du rapport avec l’autre partie. Plusieurs techniques sont décrites avec exemples et études à l’appui :
- Devenir le miroir de l’autre afin qu’il se reconnaisse en nous.
- Cette technique, utilisée avec calme et maîtrise de ses propres émotions, permet de créer un climat de confiance où le dialogue devient possible. L’auteur propose d’utiliser un timbre de voix similaire à un animateur radio de fin de soirée.
- L’empathie tactique est une façon de comprendre l’autre (se mettre dans ses souliers), mais en utilisant l’intelligence émotionnelle, transformer la perception de l’autre et lui faire accepter notre réalité. Et de ce fait, gagner la permission de persuader.
- Ce qui nous fait réfléchir sur la question : est-ce que persuader c’est manipulé? Selon l’approche de l’auteur, ce n’est pas le cas si on met la personne en priorité et lui fait accepter notre réalité. Alors l’autre se persuadera lui-même, ce qui est différent de la manipulation dont l’objectif est de nous faire gagner sans considération des conséquences pour l’autre.
- Apprendre à apprécier. Se faire dire non est souvent de ce que nous avons le plus peur dans une négociation alors que l’apprivoiser nous permette de conclure avec plus de succès et de facilité. Souvent on utilise une technique de questions demandant un oui pour créer un environnement positif alors qu’un non engage la conversation et ainsi rends l’autre plus confortable, en sécurité et en contrôle, car on accepte qu’ils nous disent : « attend, je ne comprends pas » ou encore « je ne suis pas prêt ».
- L’importance d’être en synchronisation avec notre équipe. Pour conclure une négociation, tous les membres de notre équipe doivent être au courant de notre stratégie afin d’éviter des messages contradictoires (ou simplement différents) qui feront échouer nos discussions.
- N’abandonnez pas, l’autre partie ne le fera pas. Allez jusqu’au bout, car un compromis n’est jamais un résultat positif ni pour un ni pour l’autre. L’auteur donne deux exemples: il est impossible de ramener la moitié d’un otage ou si vous voulez porter des souliers noirs et votre épouse veut que vous portiez des bruns alors un soulier de chaque couleur ne sera jamais un compromis acceptable.
- Cherchez à connaître toute l’information possible et surtout l’information que vous ne vous attendez pas à trouver possible. L’auteur nomme ces informations des cygnes noirs (Black Swan, d’où le nom de son entreprise) en référence à ce que l’on croyait impossible de trouver. En effet, au 17e siècle, personne en Europe n’avait vu autre chose que des cygnes blancs et ce n’est que lors du voyage en Australie-Occidentale d’un explorateur hollandais que le premier cygne noir a été aperçu et répertorié.
Conclusion
En réponse à la question initiale ; oui, les techniques et les outils utilisés pour régler des crises sont pertinents lors de nos négociations courantes. Cependant, à la lumière des exemples et des études citées par l’auteur, elles apparaissent essentielles. L’utilisation des émotions comme levier de compréhension de l’autre ainsi que l’utilisation d’éléments d’informations qui l’affecte dont primordiales pour lui permettre de voir la solution du même angle que nous.
Verdict
Je suis en accord avec l’auteur sur l’ensemble des techniques, car elles sont alignées aux enseignements de la programmation neurolinguistique auxquels j’adhère et j’utilise dans ma pratique. Je suggère la lecture de ce livre après avoir lu Getting to Yes afin d’avoir une perspective globale ( raison ET émotion) pour augmenter votre succès dans vos négociations.
Personnellement, et peut-être comme vous, je me dois d’arrêter de juger trop rapidement un livre par son titre. C’est la deuxième fois que je me fais prendre à ce jeu (la première fois étant Convaincre en 90 secondes, ou moins un livre fantastique sur comment établir le rapport à l’autre). Je n’ai trouvé que la version anglaise, je ne serais pas surpris de voir une version française sous peu. Bonne lecture.
André Lavigne